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La foodtech peut-elle sauver les restaurants du COVID-19?

Certains restaurants ont continué leur activité pendant le confinement grâce aux services de livraison. wal_172619 / Pixabay

Les mesures de confinement touchent durement les restaurateurs français. Depuis quelques semaines, les applis de livraisons déploient des solutions pour permettre de les soutenir. Mais ces initiatives cachent parfois la pression que subissent les restaurants.

Trois clics, quelques minutes d’attente et le burger arrive directement chez vous. Si vous sortez dans la rue, votre restaurant affiche pourtant bien fermé pour cause de confinement. Mais malgré ces mesures restrictives, la « foodtech » et ses applis de livraison continuent à faire tourner le monde de la restauration.

Mi-avril, plusieurs start-ups du monde de l’alimentation lancent « Aide-aux-restaurateurs.fr ». Le site redirige vers d’autres initiatives, mais permet surtout de cataloguer les restaurants pratiquant encore la livraison dans les grandes métropoles françaises. En tout, il recense plus de 500 établissements et permet de se faire livrer par le service de son choix.

Autre possibilité offerte par Internet : pré-acheter des repas pour la réouverture des restaurants. La plate-forme « Aidons nos restaurants » permet de commander un bon d’une valeur entre 10 et 250€. Elle se targue de ne prendre aucune commission et de ne rien coûter aux restaurateurs. En échange, les logos des différents partenaires de l’opération, en particulier celui de La Fourchette, s’affichent généreusement sur la page Internet.

Fournisseurs et réseaux sociaux s’adaptent

D’autres applications réinventent leur fonctionnement pour s’adapter à la crise sanitaire et soutenir les restaurants. C’est par exemple le cas de Choco. L’application sert à l’origine à mettre en relation restaurateurs et fournisseurs. Un outil purement « business-to-business ». Elle ouvre récemment « mon marché Choco ». « Le principe est de permettre aux particuliers de commander des produits habituellement livrés aux restaurateurs, explique Grégoire Ambroselli, co-fondateur de Choco France. Les fournisseurs de la restauration assurent les livraisons. » De plus, « tous les bénéfices sont redistribués à des associations qui viennent en aide à la restauration », avec un premier don de 20 000€ à l’Association française des maîtres restaurateurs (AFMR).

A Rennes, le réseau social NextoYou se met à la nourriture. Il permet à l’origine de laisser un message pour les autres membres à proximité. Ses créateurs ont ajouté la possibilité pour les propriétaires de restaurants d’encourager les utilisateurs à passer commande. Même en dehors des start-ups, plusieurs initiatives circulent : la chambre de commerce de Paris tient sa propre carte des adresses qui livrent en Île de France.

«Uber et Deliveroo ne jouent pas du tout le jeu»

Toutefois, le bilan de ces initiatives s’annonce mitigé. Elliott travaille dans un restaurant parisien et il « a la rage ». « Uber et Deliveroo ne jouent pas du tout le jeu » assène-t-il. Il explique que les restaurants qui ont pu rester ouvert pendant le confinement sont poussés par le système de référencement des applis. Les restaurants au personnel malade ou incapable de suivre passent à la trappe.

« Avant le confinement le 15 mars, on était à 60 commandes par jour, raconte Elliott. Là je n’en envoie que cinq. Quand j’ai appelé Deliveroo pour savoir si j’avais mal fait quelque chose, on m’a répondu que l’application avait continué sans moi. » Et si apparaître sur le site ne coûte rien, les services de livraison conservent leur marge. « Ils prennent une commission de 30%. Un beau geste ça aurait été de la réduire pour nous accompagner dans la livraison » suggère le patron du restaurant.

A lire aussi : Face au virus, les livreurs à vélo se protègent tant bien que mal

Quelles solutions quand on ne suit pas le rythme des applis de livraison ? Déjà touché par une baisse de fréquentation après la grève des transports parisiens, Elliott envisage de remonter ses prix. « Il faut bien s’y retrouver financièrement, souffle-t-il. Là, on ne réalise qu’entre 15 et 20% de notre chiffre d’affaires habituel. » Il espère pouvoir rouvrir bientôt mais « les gens ne savent pas encore quand ou dans quelle condition ils pourront revenir. On est déjà inquiets pour la reprise. »

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