Le rougail saucisse, spécialité réunionnaise, est l’un des paniers-repas offerts aux étudiants d’Outre-mer. Miwok (Flickr)
L’Union des étudiants réunionnais de l’Hexagone (UERH) a mis en place avec d’autres associations des distributions de paniers-repas gratuits pour aider les étudiants ultramarins dans le besoin.
Salade et acras de morues en entrée, colombo de poulet traditionnel ou rougail saucisses en plat et blanc manger coco, boule coco ou mousse au chocolat en dessert, les étudiants peuvent profiter d’un menu traditionnel complet malgré le confinement. En 2020, la France métropolitaine compte 40.000 étudiants venus d’Outre-mer dont 15 000 Réunionnais. Avec l’épidémie de Covid-19, leurs difficultés financières s’ajoutent à l’isolement et à la distance familiale.
Dès le début du confinement, l’Union des étudiants réunionnais de l’Hexagone (UERH) a sondé les besoins les plus urgents. « On a créé dans un premier temps une plate-forme interactive pour que les étudiants confinés en métropole puissent rester en contact. Mais on a surtout remarqué des difficultés pour s’alimenter », explique Mathieu Chambon, le co-président.
Offrir des paniers-repas
L’Union des étudiants réunionnais de l’Hexagone souhaite offrir gratuitement des paniers-repas contenant un menu créole complet aux étudiants qui ont peu de moyens pour se nourrir. Pour cela, l’association coopère avec d’autres organismes situés en métropole. Ensemble, ils ont lancé le Plan ILA, Initiatives Locales pour l’Alimentation. « Nous avons contacté une vingtaine d’associations ultramarines et une cinquantaine de restaurateurs. On a malheureusement beaucoup de refus de leur part comme leur situation est aussi très difficile. Nous contactons une dizaine d’associations chaque jour pour étendre l’aide aux étudiants dans toute la France et surtout dans les coins isolés », précise Mathieu Chambon.
L’aide alimentaire est aujourd’hui accessible à Montpellier, Valence, Saint-Etienne, Grenoble, Lyon et en Île-de-France. C’est dans ces zones géographiques que l’on retrouve le plus d’étudiants d’Outre-mer. L’Union des étudiants réunionnais de l’Hexagone cherche aussi à créer des partenariats à La Rochelle, Rennes et Bordeaux.
« On est en contact en ce moment avec une personne qui tient un food truck et qui serait intéressée par le projet. La livraison serait prévue et les étudiants n’auraient pas besoin de prendre des risques en sortant », confie Mathieu Chambon. L’association propose aussi des apéros-live le samedi sur la plateforme Discord pour aider les étudiants à se sentir moins seuls et à garder le moral. Au programme : des rencontres, des témoignages, des jeux et de la musique.
Des associations locales en action
Partenaire de l’association, le restaurant le Bistro Créole s’occupe de fournir ces paniers-repas à Lyon. « Les étudiants s’inscrivent et reçoivent un bon pour retirer un repas fait maison. De notre côté, on identifie les jeunes pour les accompagner jusqu’à la fin du confinement », détaille Kant Lebeau, le gérant.
Le lundi 27 avril, huit étudiants se sont présentés au Bistro Créole. Mais Kant Lebeau ne compte pas s’arrêter là : « On est partis sur 100 paniers-repas pour la première opération. Ce lundi 4 mai, nous allons nous rendre en Île-de-France pour essayer de livrer des repas aux étudiants de la région. » En plus de l’aide alimentaire, le Bistro Créole est partenaire de l’association Solidarité Masques Covid-19. A la réception des plats, un masque en textile est offert aux étudiants pour se protéger.
Des aides publiques insuffisantes
Dès le début du confinement, l’UERH a échangé avec les présidents du département et de la région Réunion sur les difficultés d’approvisionnement, mais les administrations étaient déjà débordées, selon Mathieu Chambon. Pourtant, le 24 avril, le département de La Réunion a envoyé 1 200 colis aux étudiants réunionnais confinés en métropole.Si l’organisme salue cette initiative, elle critique cependant l’insuffisance du contenu : « 1 200, c’est très peu et puis, il faut voir les colis : deux ananas, un pot de confiture, du piment et des chips. C’est bien mais on attend quelque chose de plus conséquent. On a discuté avec des étudiants qui n’avaient plus rien à manger depuis trois jours. Ce n’est pas avec un ananas qu’on peut les aider. »
La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a également proposé une aide financière pour chaque étudiant confiné en métropole. Son montant et ses critères d’attribution doivent être encore précisés. Le co-président s’en réjouit et encourage les politiques locales à en faire de même : « On est très heureux de ces décisions mais on attend toujours les aides car le ministère est en train de réaliser un recensement des problèmes rencontrés. »
Infos pratiques Pour bénéficier de l’aide alimentaire, vous pouvez vous inscrire sur ce formulaire. Vous pouvez contacter l’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone sur Facebook, Twitter, Instagram ou par mail à contact.uerh@gmail.com. |