Réaliser son propre potager est plus facile qu’il n’y paraît. Andreas Goellner – Pixabay
Faire pousser fruits et légumes à la maison, sans faire chou blanc, c’est possible. Pas besoin d’avoir la main verte : de l’espace, du soleil et de l’huile de coude suffisent. Et promis, ce ne sont pas des salades. Entretien avec Manon, jardinière en herbe et étudiante en agronomie.
Il est plus pratique d’aller chercher son repas directement dans son jardin ou sur son balcon, plutôt que de se rendre au supermarché. Et puisque les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale seront encore obligatoires quelque temps, Manon, future ingénieure agronome, explique comment se débrouiller pour manger le fruit de son travail, et éviter de sortir. Dans son jardin, ce sont notamment les tomates, les courgettes et les herbes aromatiques qu’elle cultive. Vous disposez d’un jardin ou même d’un balcon? Vous n’aurez plus d’excuses pour ne pas jardiner.
Comment choisir le bon emplacement pour son potager ?
Manon : « Si l’on possède un jardin, l’idéal serait d’y trouver une surface de terre plane et meuble (il faut qu’un couteau puisse s’y enfoncer sans effort). Sinon, on peut créer un potager surélevé, dans un bac, en mélangeant de la terre avec du terreau. Et si l’on vit en appartement, pour peu que l’on ait un balcon, c’est possible. La plupart des cultures de balcon sont celles des plantes aromatiques qui poussent remarquablement bien dans des bacs à fleurs. On peut aussi installer un bac d’au moins 40 centimètres de profondeur pour cultiver des carottes et de la salade. D’ailleurs, des tomates peuvent très bien pousser avec une base en pot de fleur et un tuteur. »

Y-a-t-il un travail préalable nécessaire ?
M : « Oui, si l’on décide de faire son potager à même le sol de son jardin, il faut le préparer au préalable. L’usage d’une débroussailleuse sera particulièrement utile pour couper le couvert végétal à ras le sol. Ensuite, une bêche et beaucoup de volonté seront indispensables. Il faut veiller à enfoncer sa bêche sur toute sa surface, la remonter puis la retourner, pour pouvoir ensuite casser les mottes de terre avec la pointe de l’outil. La terre sera ainsi plus aérée et il sera d’autant plus simple d’y faire pousser ce que l’on souhaite. »
Que peut-on faire pousser avec la place que l’on a ?
M : « Attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Plus la surface du potager sera grande, plus l’entretien demandera de l’investissement. Il faut également adapter les cultures selon ses envies, mais aussi selon les saisons. En ce mois de mai, les tomates sont idéales, et pour qu’elles poussent de manière optimale, je recommande de recouvrir la base de paille. Pour un débutant, le mieux est de commencer par le plus simple : des tomates, des carottes, de la salade et des courgettes. Et on agrémente le tout de quelques herbes aromatiques. »
Comment faut-il entretenir son potager ?
M : « Il faut prendre soin régulièrement de son potager pour qu’il reste de qualité. Il n’y a pas de temps perdu à l’entretenir. Si vous le chouchoutez, il vous le rendra bien. Et pour optimiser la pousse, le compost est une bonne solution, 100% naturelle. Il faut également désherber régulièrement – retirer les petites herbes – et casser les mottes de terre pour les aérer. Et puis on arrose dès que la terre est sèche. Attention, pour les salades, il ne faut arroser que la base, pas les feuilles ! »
Le potager en carré Cette technique vous intrigue ? Initiez-vous avec L’Art du potager en carré d’Eric Prédine et Jean-Paul Collaert (Edisud). « Il suffit de 3 à 6 grands carrés pour satisfaire les besoins en légumes frais d’une famille, selon ses goûts et sa taille », expliquent les auteurs. Un grand carré mesure 1,2 mètres carrés, divisé en cases de 30 centimètres de côté. Sur un balcon, l’idéal est un petit carré de quatre cases. Sa petite taille fera gagner un temps précieux et chaque centimètre carré de terre sera mis à profit. Attention également à bien faire des rotations dans ses cultures : « Si une culture est poursuivie trop souvent sur le même terrain, elle l’appauvrit vite, au point de nuire gravement aux récoltes. Mais si on fait suivre des plantes très différentes, chacune d’elles puise dans le sol les éléments qui lui conviennent : plutôt que de taper constamment dans les mêmes réserves », est-il précisé dans l’ouvrage. Aux mêmes emplacements, il faut par exemple remplacer ses carottes par de la laitue, puis des choux ou des courgettes. |