Nouilles aux crevettes sauce curry, une des recette préparées par Anaëlle Fleury. Anaëlle Fleury
Avec la fermeture des bars et des restaurants, les rédacteurs.trices culinaires se sont vu.es forcé.es de s’adapter pour maintenir leur activité. Anaëlle Fleury, qui poste ses critiques sur son compte Instagram @lapetitefoodeuse, a su en prendre parti et trouver une communauté plus large, qu’elle compte bien garder sur le long terme.
Deux à trois fois par semaine : c’était la fréquence à laquelle Anaëlle, rédactrice culinaire pour foodetective allait au restaurant. Mais le 17 mars dernier, plus le choix, il faut rester chez soi. Les bars et les restaurants de toute la France ferment. « Au début, c’était frustrant, parce que c’est un vrai plaisir d’aller au restaurant, confie Anaëlle. Mais c’était nécessaire pour moi de m’adapter pour garder le lien social que j’entretiens avec ma communauté. »
« Alors c’est parti pour un jour une recette ! », lâche Anaëlle, enthousiaste. Tous les jours, elle se met aux fourneaux et propose des plats avec des ingrédients simples, que tout le monde peut réaliser chez soi. « Je n’ai pas du tout la prétention de dire que je suis une bonne cuisinière mais j’adore la nourriture, assure Anaëlle. Et puis ce n’est pas parce qu’on ne va plus au restaurant qu’on va arrêter de manger ! »
Une nouvelle communauté
Très vite, ses recettes ont séduit sur Instagram. En un mois à peine, la jeune étudiante a gagné plus de 200 abonnés sur son compte @lapetitefoodeuse. « J’ai pu découvrir une grande communauté, qui n’a pas forcément les moyens d’aller au restaurant », explique Anaëlle. Elle a entrepris alors la confection de gâteaux et recettes en tous genres : « Tout ça me permet de diversifier ma proposition, et de séduire un public plus large. »
Pourtant, avant le confinement, la jeune rédactrice variait au maximum ses propositions de restaurants, au niveau des prix. « Mais proposer des recettes faciles permet de toucher plus de gens, analyse Anaëlle. Des personnes qui préfèrent tout simplement cuisiner elles-mêmes ! » A la réouverture des restaurants, elle compte bien ne pas laisser de côté sa nouvelle communauté : « Je me décarcasse pour trouver des recettes simples que les autres ne font pas, explique Anaëlle, déterminée. Ce qui est sûr, c’est que je vais continuer de trouver le temps pour cuisiner et pâtisser, malgré mes études. »
Une adaptation à l’image de l’évolution des restaurants
Au-delà de ses propres recettes, Anaëlle va pouvoir conserver son activité de rédactrice culinaire. Elle n’a pas été la seule à s’adapter : depuis leurs fermetures, restaurants et bars s’organisent respectivement pour maintenir un minimum d’activité. Beaucoup décident de mettre en place leur propre système de livraison, leur réouverture n’étant pas prévue avant le 2 juin.
Clic!déguste! a vu le jour il y a tout juste une semaine. Le principe du site est simple : le restaurant s’inscrit et l’utilisateur peut découvrir sa carte et commander, puis vient récupérer sa commande dans l’établissement. «Je passerai par ce site pour essayer de nouveaux restaurants et rédiger un article sur ce sujet», explique Anaëlle. Cette adaptation permettra aux rédacteurs culinaires de conserver, eux aussi, leur activité.
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Une activité de passion
« J’ai commencé à avoir envie de partager mes trouvailles, expliquer en quoi tel ou tel restaurant était bien », se souvient Anaëlle. Issue d’une famille d’anciens restaurateurs et habituée des restaurants, elle s’est lancée il y a un an et demi dans cette activité sur son compte Instagram à son arrivée à Lyon, capitale de la gastronomie. D’abord sur son compte personnel, Anaëlle a vite posté ses critiques sur un compte professionnel quand elle a remarqué l’ampleur de la communauté foodie sur les réseaux sociaux. « On parle souvent de décoration, de lifestyle (lire : mode de vie ndlr), et d’habits sur Instagram mais la communauté foodie est très présente sur le réseau social », assure Anaëlle.
Au bout de quelques mois, elle se fait repérer par la plateforme foodetective : une startup qui répertorie les bonnes adresses dans les grandes villes d’Europe. La mission d’Anaëlle : aller dans un restaurant, décrire la décoration, donner le rapport qualité-prix, expliquer le concept. Elle a toute liberté sur la quantité d’articles produits et sur le type de restaurants qu’elle fréquente. Et les rédacteurs qui travaillent pour la plateforme sont tous différents. Pas besoin de faire d’études culinaires ni de journalisme pour écrire sur les restaurants. « Il y a des rédacteurs culinaires qui travaillent dans des banques, d’autres dans l’évènementiel, détaille-t-elle. C’est la passion qui pousse les uns et les autres à écrire. »
Un lien social fort
Rien n’est plus important pour Anaëlle que ses lecteurs. Dans ses critiques, elle est guidée par l’envie de transmettre la gourmandise auprès de la communauté. Et grâce à son activité, elle a trouvé un lien social fort, tant avec des restaurateurs et des rédacteurs culinaires qu’avec des personnes qui aiment se rendre habituellement au restaurant. « Très régulièrement, on m’envoie des messages du type ‘C’est l’anniversaire de mon copain ce week-end, tu pourrais me conseiller un restaurant ?’, se réjouit Anaëlle. Tout ça crée beaucoup de relationnel, c’est très important pour moi. »
Le lien social qu’elle crée avec toute la communauté se tisse aussi à l’occasion d’évènements. Foodetective, la startup pour laquelle elle rédige ses critiques n’existe que depuis deux ans et rémunère ses rédacteurs en leur offrant l’entrée à des évènements tels que le Lyon Street Food Festival. De fil en aiguille, Anaëlle a bénéficié d’une certaine visibilité dans le monde gastronomique à Lyon. « Le Boudha bar m’avait contactée pour faire sa promotion à son inauguration. Aussi, je devais assister à une présentation de nouveaux bouchons lyonnais au Palais de la Bourse, énumère-t-elle. Mais tout a été annulé à cause du confinement. » Qu’à cela ne tienne, la crise sanitaire ne l’a pas empêchée d’écrire.
Développer sa créativité
« On vit dans une société où on est sans cesse abreuvés de contenus images ou vidéos. J’ai l’impression que les gens ne font plus tellement attention à ce qu’ils lisent ou écrivent », s’interroge Anaëlle. Grâce à son activité, elle a su « développer [sa] plume, susciter l’envie et développer la persuasion à l’écrit, ce qui n’est pas toujours facile ». Mais aussi, son sens esthétique. « Mon moment préféré, c’est le dressage. Je choisis une jolie vaisselle, colorée. Je consacre beaucoup de temps à cette partie et pour la photographie du plat. Ça peut prendre des heures ! », avoue Anaëlle amusée.
L’année prochaine, elle compte se lancer dans un double diplôme en marketing digital. Travailler son visuel lui permet d’allier sa passion avec ses futures études. « C’est pour cette raison que j’aime autant alimenter mon fil Instagram en contenu. Je retrouve une véritable cohérence dans cette expérience. »
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