Selon les chiffres du Cabinet Nielsen, 40% des français ont consommé en vrac en 2019 – Melkhagelslag – Pixabay
Pour lutter contre l’épidémie, l’association Réseau Vrac, régie par la loi 1901, a publié ses préconisations d’hygiène à destination de tous les commerces indépendants vendant des produits en vrac. Ces derniers tentent au mieux de s’adapter à la situation sanitaire.
Pâtes, fruits secs, mais aussi vin et lessive, la vente en vrac explose depuis 2013 en France. C’est un système de distribution qui propose à la vente des produits qui ne sont pas pré-emballés. Le client peut alors acheter au poids ou au volume la quantité dont il a besoin. Selon les chiffres du Réseau Vrac, qui rassemble plus de 1.300 professionnels du secteur, il existe aujourd’hui 400 magasins spécialisés sur la vente en vrac.
Au vu de la propagation rapide du coronavirus et des « questions récurrentes des commerçants adhérents sur les bonnes pratiques hygiéniques à adopter », l’association recommande de « désinfecter au minimum deux fois par jour toutes les surfaces et tout ce qui est susceptible d’être manipulé dans le magasin », ainsi que de « limiter le nombre de personnes dans la boutique ». De fait, les produits vendus en vrac sont stockés dans des silos qui permettent une gestion de type “premier arrivé, premier servi” ou dans des bacs à pelles. Ces derniers doivent être lavés à chaque changement de lot ou à chaque remplissage. Cela induit une plus grande manipulation d’objets de la part des consommateurs et un contact direct avec les produits sans emballage.

La franchise Mademoiselle Vrac, un réseau d’épiceries sans emballage présent dans sept villes françaises, a répondu à l’appel de Réseau Vrac. Leur consigne sanitaire est stricte : pas plus de deux personnes en boutique. « Et nous servons nous-mêmes les clients », affirme Claire Toutain, co-fondatrice de la marque. Avec le confinement, Mademoiselle Vrac a perdu en moyenne 30% de son chiffre d’affaires, mais le commerce repart à la hausse. « Les gens reviennent, ils se sentent en sécurité dans nos boutiques. Nos consignes d’hygiène sont très strictes et cela ne peut que limiter la propagation. Rappelons que sur les emballages en grandes surfaces, les traces du virus peuvent rester jusqu’à sept jours… Et puis nous, contrairement aux rayons en grandes surfaces, on n’a jamais de ruptures », blague la gérante derrière son masque au téléphone.
Le drive et la vente en ligne en renfort
Mademoiselle Vrac a doté chacune de ses boutiques d’un drive qui fonctionne à plein régime. Au sein de la franchise Day by Day, leader sur le marché des commerces indépendants avec 61 magasins, les commandes par mails explosent. « Ma promesse à moi est de permettre aux consommateurs d’avoir leurs 250 grammes de produits s’ils le souhaitent, affirme le président Didier Onraita. Les clients nous passent beaucoup de commandes. À la base, nous ne sommes pas une plateforme de vente en ligne et cela demande une main-d’oeuvre démesurée, mais nous innovons face à la situation. »
Situation similaire pour Carole Lymer, fondatrice de Mescoursesenvrac, une plateforme de vente en ligne de produits en vrac. Elle l’assume derrière un rire gêné : « Je bénéficie plutôt de la situation. Je travaille avec un logisticien, lui, a dû mettre en place les bonnes pratiques comme le port du masque et un lavage de mains régulier, mais mon commerce n’a pas été économiquement impacté car les gens se sont rués vers la vente en ligne. » Le chiffre d’affaires de l’entreprise, qui ne possède pas de points de ventes physique, a presque doublé durant la période. L’occasion aussi pour certains de se lancer dans des projets inachevés selon la gérante. « Il y a eu une prise de conscience pour le zéro déchets, exprime-t-elle.. Certaines personnes se sont dit que c’était l’occasion de se lancer. J’ai eu énormément de nouveaux clients. »
En appliquant des mesures sanitaires strictes, la vente en vrac tente de poursuivre sa progression. Selon les chiffres du Réseau Vrac, le marché du vrac représentait 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Bien que cette consommation reste une niche avec 0,75% de parts sur la marché, « on a bon espoir que le marché triple d’ici 2022 », affirmait dans Ouest-France la directrice de l’association, Célia Renesson en février dernier.